L’Atelier Piquifou
Brigitte et Jean-Marc Millet
Des goûts et des couleurs…
On peut en discuter !
Les personnages de Brigitte et Jean-Marc Millet n’ont pas que des couleurs, ils ont aussi beaucoup de goût… Un goût étrange, venu d’ailleurs…
Ces statuettes de grés rassemblent les trois conditions qui font une œuvre intéressante. Elles ont de la matière, de la forme, et surtout de la couleur. Seules les excellentes pièces de céramique répondent à ces trois critères. Et lorsque l’on connaît les difficultés techniques liées à chacune de ces trois étapes, le spectateur est tenté de dire : bravo !
LA MATIÈRE utilisée, est la plus noble qui soit. C’est la matière par excellence, celle dont nous sommes issus. “Poussière tu es, poussière tu retourneras”, dit la Genèse. La terre est une matière souple, elle permet à celui qui la modèle de devenir aussi démiurge. Il est aussi étonnant de voir que de la même terre blanche vont naître tant de personnages divers. Noirs blancs ou jaunes sont issues de la même pâte claire. La terre chamottée donne un grain presque vivant à la forme, de par son irrégularité. Un “graphité” étoffe le tissu des vêtements, saisissants de vérité.
LA FORME ensuite. Elle est plutôt longiligne, presque démesurée, à l’instar de nos mannequins qui défilent sur les podiums. Cet étirement en hauteur est-elle une vue de l’esprit ou plutôt une aspiration vers le haut, une sorte de sublimation ?
Ce sont des femmes et des hommes en marche, peut-être vers un monde meilleur?
Chaque détail est soigneusement étudié et réalisé, boucles d’oreilles, chapeaux, parures, colliers, coiffures… Il en ressort une indéniable noblesse hiératique, un mystère sans cesse renouvelé. Formes sorties d’un imaginaire étrange, qui peuplent nos rêves. Comme si tout les hommes formaient une seule famille.
LA COULEUR enfin… Touche finale réalisée après une première cuisson ou biscuit. L’émail nécessite une seconde cuisson, qui confère à l’ensemble une vie extraordinaire. Les couleurs utilisées sont souvent les couleurs primaires: rouge, jaune, bleu. On y rajoute le noir de l’enfumage ou le blanc de l’engobe, qui respecte la couleur claire du matériau. Une touche d’or, oxyde métallique, donne une brillance diffuse aux bijoux des statues. Ce sont des couleurs chocs qui révélent, chez Brigitte et Jean-Marc Millet, un tempérament de feu.
Avec l’Atelier Piquifou, on entre de plein-pied dans une œuvre de céramique éminemment originale et féconde, à la technique extrêmement maîtrisée. C’est aussi un voyage dans le temps et l’espace, autour de la terre, un lien entre les hommes, nos frères…
Corinne Roos